Game of Thrones touche à sa fin. Après huit saisons, l’un des plus grands phénomènes télévisuels de l’histoire arrive à son ultime épisode. Mais si la série s’achève en apothéose médiatique, son accueil critique est bien plus contrasté.
Depuis le début de la saison 8, les notes des spectateurs chutent de manière spectaculaire. Plus les épisodes passent, plus les critiques fusent. Mais pourquoi tant de haine envers cette conclusion ? Est-ce un vrai problème de qualité ou y a-t-il d’autres raisons derrière cette frustration collective ?
L’une des premières raisons pour lesquelles cette dernière saison est tant décriée, c’est tout simplement qu’elle marque la fin d’une ère. Game of Thrones n’est pas juste une série, c’est un phénomène culturel qui a rythmé la vie de millions de fans pendant près de dix ans.
Une fin de série, c’est toujours un choc. C’est une petite mort, un deuil à faire. Et comme pour tout deuil, les réactions sont variées : certains l’acceptent, d’autres la rejettent violemment. L’attachement aux personnages, aux intrigues et aux théories longuement élaborées sur les forums accentue cette difficulté.
Et pourtant, cette fin ne signifie pas la disparition de l’univers de Westeros. HBO prévoit déjà des préquels et spin-offs pour prolonger l’expérience. Mais ce ne sera plus Game of Thrones tel qu’on l’a connu.
Un autre point central des critiques réside dans la rapidité d’exécution de cette saison 8. Après des années à suivre des intrigues complexes, des complots politiques et des développements minutieux des personnages, cette dernière saison tranche radicalement avec le rythme habituel.
En seulement six épisodes, il faut :
Résultat : des décisions semblent précipitées, certaines évolutions de personnages paraissent forcées (Daenerys et sa bascule soudaine vers la tyrannie en est un bon exemple), et certains moments cruciaux manquent de développement.
Mais ce choix était assumé par les showrunners. Ils ont décidé de privilégier le spectacle et la conclusion rapide plutôt qu’un développement plus progressif. Était-ce la meilleure option ? Probablement pas pour une série qui brillait par sa complexité et son écriture soignée.
Un graphique issu de Graph TV illustre bien cette tendance :
Ces notes ne sont pas seulement un indicateur de qualité, elles reflètent aussi une réaction émotionnelle forte. Plus une série est aimée, plus sa fin est scrutée et jugée durement.
Un phénomène intéressant se produit lorsqu’on suit une série en temps réel par rapport à une vision en continu (binge-watching).
Regarder Game of Thrones en direct, saison après saison, c’est attendre des années pour voir l’évolution des personnages et la conclusion des intrigues. Chaque épisode devient un événement, et l’attente crée des attentes (parfois irréalistes).
À l’inverse, quelqu’un qui découvre la série bien après sa diffusion, en enchaînant les épisodes sans attente, aura une perception totalement différente. Beaucoup de spectateurs qui ont été déçus en découvrant la saison 7 en direct l’ont trouvée bien meilleure en la revoyant plus tard, sans l’effet de frustration lié à l’attente.
On peut imaginer que la saison 8 connaîtra le même sort : moins clivante avec le recul, une fois intégrée dans la série complète et regardée d’un bloc.
La saison 8 de Game of Thrones est loin d’être parfaite. Elle souffre d’une exécution trop rapide et de décisions scénaristiques discutables. Mais la virulence des critiques vient aussi d’un attachement émotionnel profond.
Regarder la fin d’une série qu’on adore, c’est accepter qu’elle s’arrête, avec tout ce que cela implique. Et forcément, cette acceptation est difficile. Avec le temps, cette dernière saison sera peut-être perçue différemment, surtout pour ceux qui découvriront Game of Thrones en intégralité sans années d’attente entre les saisons.
Quoi qu’il en soit, Westeros n’a pas dit son dernier mot, et les prochains spin-offs auront la lourde tâche de réconcilier les fans avec cet univers.